Comme le craignaient nos voisins de mouillage, venus à la nage nous demander notre avis sur la météo, dès la sortie de l'abri, ça gite sérieux. On prend un ris, quelques tours de génois et cap sur la Désirade, en espérant que la dérive et le courant nous mèneront tout droit sur Saint-François, sans avoir à tirer de bords.

Remontée au près

Trois heures plus tard, on reconnait les éoliennes à terre et on tombe pile sur la bouée cardinale sud qui signale la passe Champagne.

Bouée Sud St-François

Il faut abattre pour emprunter la passe balisĂ©e au milieu de la barrière de corail qui protège le petit lagon. La mer est bien creuse. On dĂ©marre le moteur mais on reste sous voiles, il y a de la place pour manoeuvrer une fois Ă  l'abri. Je jette un coup d'oeil derrière et je vois une belle vague Ă©cumante qui nous rattrape... Un bon coup d'accĂ©lĂ©rateur n'est pas de trop pour rester en ligne, la passe n'est pas si large !

Lagon de St-François

Derrière nous arrive un grand cata de daycharter, qui rentre de Petite-Terre : la vague qui dĂ©ferle est assez impressionnante vue de loin !

Passe Champagne houleuse

Sur les conseils de mes copains qui eux doivent reprendre le boulot, je décide de faire la touriste le lendemain et aller à La Désirade, avec la navette au départ du port de pêche de Saint-François.

Navette DĂ©sirade Pont navette IntĂ©rieur navette Les touristes s'installent sur le pont au soleil... tandis que les locaux prĂ©fèrent la cabine climatisĂ©e et beaucoup plus confortable ! Je choisis le juste milieu : sur le pont mais Ă  l'ombre et du bon cĂ´tĂ© pour pouvoir admirer le paysage. Bien m'en a pris : la navette fonce Ă  25 nds contre la mer et le vent, ça tape, ça vibre, les embruns volent et il faut se tenir ferme pour ne pas ĂŞtre Ă©jectĂ© de son siège... Les touristes femmes près de moi font grise mine pour la plupart (certaines plus verte que grise !) tandis que leurs compagnons rigolent... jaune ! PassĂ© l'abri relatif de la pointe des Châteaux, ça forcit et la navette retombe lourdement dans la mer toutes les 30 secondes... Cet endroit peu profond entre DĂ©sirade, grande Ă®le de Guadeloupe et les Ă®lots de Petite-Terre est un vrai chaudron de sorcière dès que l'alizĂ© est Ă©tabli. Je n'aimerais pas y ĂŞtre en voilier, la mer est totalement confuse et le vent souffle un bon force 5 maintenant, en plein dans le nez.

Arrivée Beauséjour

Moins d'une heure plus tard, sans ralentir, le bateau amorce un grand virage sur babord. J'ai aperçu une bouĂ©e rouge, c'est tout. Les brisants semblent vraiment tout près. En un instant, on est Ă  l'abri de la digue, on ralentit et tout redevient calme... Vaudrait mieux pas se trouver dans le chenal en mĂŞme temps ! Un peu kamikaze le pilote ! Il y a seulement deux voiliers sur corps-mort, il parait que les dĂ©siradiens souhaitent que le port soit amĂ©nagĂ© pour recevoir davantage de plaisanciers de passage. Le tourisme est en plein essor sur cette Ă®le atypique d'une façon gĂ©nĂ©rale.

Port DĂ©sirade

Sur le quai encombré attendent plusieurs mini-bus pour la visite de l'île, deux heures avec commentaires et arrêts, moyennant 10 €/personne. On part quand le bus est plein, soit 8 passagers et le chauffeur. Je me laisse tenter. On peut aussi louer des scooters, des vélos, des voitures et des 4X4. Il est 10 h du matin, la navette repart à 16h pour Saint-François.

Sur le quai

Loc vélos & scooters

Mes compagnons de balade sont tous mĂ©tropolitains, du Nord et de l'Est de la France. Le chauffeur-guide nous fait une prĂ©sentation succincte, il est dĂ©siradien, sympathique, Ă  la retraite et connaĂ®t bien son sujet. On commence par sillonner tranquillement la "capitale" : l'Ă©glise, la boulangerie et ses spĂ©cialitĂ©s locales, le cybercafĂ©/PMU et la boutique de souvenirs artisanaux... Il souligne que depuis le cyclone Hugo destructeur (1989) l'Ă®le s'est bien modernisĂ©e et a fait des choix Ă©cologiques : Ă©oliennes, tri sĂ©lectif des ordures, Ă©cotourisme et crĂ©ation de sentiers de randonnĂ©e. Mes voisines s'impatientent, elles voudraient descendre pour continuer Ă  pied ! Je leur fais gentiment remarquer que l'Ă®le fait quand mĂŞme 11 km de long... visiter Ă  pied sous le cagnard ? Ah ces gens toujours pressĂ©s ! pour ma part, je n'ai eu aucun mal Ă  me remettre au rythme antillais, d'autant moins que je suis en vacances : j'ai vĂ©cu des annĂ©es aux Antilles en travaillant, grosse diffĂ©rence !

Panneaux colorés

Office tourisme

On passe devant la caserne des pompiers et le minuscule aérodrôme pour petits avions et on sort du bourg vers le sud-est, direction l'anse des Galets, seul mouillage possible sous le vent, qui semble bien rouleur.

Anse des Galets

Notre guide nous indique que la plupart des maisons de la zone appartiennent Ă  des guadeloupĂ©ens qui viennent lĂ  se reposer au calme. Elles ont Ă©tĂ© construites après le cyclone Hugo. Tous les services sont prĂ©sents sur l'Ă®le, y compris mĂ©decin et pharmacie. En cas d'urgence, on Ă©vacue le patient par la navette ou avec l'hĂ©licoptère si ça urge trop. Quelques petits dĂ©siradiens sont nĂ©s en mer ces dernières annĂ©es. Jusque dans les annĂ©es 60, il n'y avait pas de navette Ă  moteur rĂ©gulière, seulement de grandes barques Ă  voile... on imagine ce que pouvait ĂŞtre le retour contre le vent ! Notre chauffeur s'en souvient encore. Une grande affiche commĂ©more ces temps difficiles en bordure de la plage du Souffleur.

Plage du Souffleur

Unique route

Nous poursuivons la visite en direction de l'autre bout de l'Ă®le, par l'unique route Ă©troite mais bien entretenue. Le paysage est magnifique, l'alizĂ© tempère la chaleur : je me dis que je reviendrais bien passer quelques jours chez l'habitant pour pouvoir dĂ©couvrir pleinement tous ces lieux qui dĂ©filent aujourd'hui comme au cinĂ©ma...

Le Souffleur

Baie Mahault

Agaves

Ici arrivent les vagues qui ont traversé tout l'atlantique, c'est la pointe la plus orientale de toutes les Antilles.

Extrémité atlantique

Grd phare

Arrêt photos pour immortaliser le phare et quelques petits iguanes joueurs qui semblent attendre la becquée... Le paysage est volcanique, végétation très clairsemée, le vent que rien n'arrête arase tout. La station météo est en ruines, non remise en état après le cyclone Hugo. Nous repartons et croisons deux cyclistes qui ont dû mettre pied à terre. Aucun regret, surtout qu'il en coûte 25 € pour louer un vélo !!!

Dur à vélo

Panneaux rues

Le tour se termine devant l'Ă©glise. Je m'en retourne au cybercafĂ©, espĂ©rant pouvoir envoyer un petit message exotique Ă  mes proches, pas de chance : pas de connexion possible depuis ce matin ! Il est près de midi, je vais m'approvisionner au seul et unique supermarchĂ© Ă  proximitĂ© de l'office de tourisme : nickel et climatisĂ©, on y trouve de tout Ă  des prix antillais, mais je me contenterai d'un grand yaourt Ă  boire, de pain, de fromage et d'une belle pomme, sans oublier le "France-Antilles" pour les nouvelles fraĂ®ches. Pas envie d'aller au restaurant. Je prĂ©fère aller farnienter sur la plage Ă  Fifi toute proche, Ă  l'ombre des cocotiers. Une dizaine de touristes m'y ont prĂ©cĂ©dĂ©e, peut-ĂŞtre de malheureux cyclistes (?!)... amusant contraste, c'est mercredi et des jeunes jouent au volley sur la plage non loin, en plein soleil ! Faudrait me payer cher !

Cyber/PMU

Plage Beauséjour

Lolo

Une longue baignade dans le lagon bien agitĂ© dans un mètre d'eau pour me rafraĂ®chir, un petit cafĂ© au lolo du coin (on me met carrĂ©ment une cafetière italienne pleine Ă  cĂ´tĂ© d'une grande tasse, sucre, biscuit : 1,50 €) et me voici Ă  nouveau en forme pour continuer la balade avant le dĂ©part de la navette.

Plusieurs saintoises avec leur gréement traditionnel en bois sont remisées à côté du petit phare qui signale l'entrée du port. Elles participent sans doute au tour de Guadeloupe organisé chaque année en juillet, grande manifestation locale très prisée. Beaucoup moins athlétiques que les yoles martiniquaises, elles permettent à des équipages féminins de participer, comme le souligne le petit fascicule trouvé à l'office de tourisme.

Voilier trad

Entrée port

C'est l'heure du retour, touristes et voyageurs se prĂ©sentent Ă  la passerelle de la navette. Je reste en bas dans la cabine en compagnie d'une poignĂ©e de locaux. Un vieux monsieur allongĂ© sur une civière est du voyage. Un employĂ© l'amarre fermement au moyen de cordages. Au portant, ça va probablement rouler !

Frégates

Navette retour

En effet, la navette semble voler sur l'eau dans de grandes gerbes d'écume. On atteint la pointe des Châteaux en quelques minutes, puis on longe la côte de Grande-Terre à distance, pour éviter les nombreux casiers je suppose.

Pointe des chateaux

Arrivée St-François

Une petite foule colorée accueille les arrivants. La nuit tombe vite. Je reviendrai à la Désirade...

  • A SUIVRE *

Chapeau

Carte PĂ©riple