on s'est croisé à Cannes sans se voir. Il faut un petit port de pêche comme Carro pour provoquer la rencontre. Il est vrai que nous sommes les deux seuls voiliers en escale et le temps n'est pas terrible, le sujet de conversation est vite trouvé. Eric et Delphine arrivent de Marseille, en route pour Barcelone en suivant la côte.



Après une nuit calme, on décide de larguer les amarres, enfin, la météo nous prédisant un petit vent de Nord. Mais il pleut, temps bouché avec une belle houle... Beurk ! Il faut sortir le ciré et les bottes. Le cap'tain revient de la boulangerie, il n'a vu personne bouger sur Malhoa. Très faible visibilité pour traverser le golfe de Fos avec son habituel trafic de pétroliers. On reste au moteur, grand'voile haute pour appuyer. On s'interroge sur plusieurs masses sombres sur tribord, le compas de relèvement Autohelm en bandoulière pour vérifier qu'on ne fait pas route de collision, mais ceux-là ne bougent pas, ils sont au mouillage. Encore un sur babord, il passe derrière lentement. Ciré et bottes La matinée s'écoule monotone dans cette atmosphère grise poisseuse. Où est passée ma méditerranée, on se croirait en Manche... Enfin un soleil froid comme une lune fait mine de percer la brume, un pêcheur pressé nous fonce dessus et change de cap brusquement pour passer derrière, je le salue largement. Le courant est très fort entre les deux balises du Grand-Rhône, il y a de grandes marmites de remous, qui renforcent l'impression d'être ailleurs.

L'heure de déjeuner arrive et le vrai soleil aussi, avec le petit vent de Nord attendu. Tiens, une voile derrière nous qui se rapproche : c'est bien Malhoa et son gréement 7/8e reconnaissable, le même genre que Moustic. Mais le temps qu'il arrive, le vent tombe... Re moteur ! Malhoa nous double avec son petit hors-bord de 6cv en puits dans le cockpit... pas pour longtemps, Eric nous fait signe qu'il est en panne et nous demande si on peut rester en contact, au cas où ? Bien sûr, on est toujours en veille sur le 16. Il repart, puis s'arrête à nouveau. Bon, on décide de le laisser partir devant et on suit à un demi-mille à faible allure.

Malhoa au moteur

Malhoa à la voile

Malhoa au moteur

...et à la voile

Vers 15 h, Malhoa met à la voile, petit vent d'ouest, on fait pareil. Ouf, ça fait du bien de ne plus entendre Juanito, que l'on ne manque pas de remercier comme toujours pour son éminente participation. Si, si, il faut remercier les moteurs, ils sont très susceptibles !

Parenthèse agréable, on louvoie sur une mer bleue turquoise dans des petits fonds entre 5 et 10 mètres ; le bon bord nous fait raser la pointe de Beauduc réputée s'ensabler vers l'ouest, sur l'autre bord, on part à dache... Où est donc le vent d'Est prévu pour l'après-midi ? Malhoa se remet au moteur, on lui emboîte le pas, en bon Saint-Bernard... mais le rhum manque, hélas !

Et l'un derrière l'autre, on finit par franchir l'entrée de Port-Gardian avant la nuit. A peine amarrés, Delphine et Eric arrivent avec l'apéro, ils ont envie de voir l'intérieur de ce si beau bateau... encore une belle rencontre dignement fêtée ! Phare de Beauduc

Phare de Beauduc