De Porquerolles au cap Couronne

Dimanche 27 février : le BMS côtier n° 69, avis de grand frais à coup de vent, localement tempête, valable pour tout le pourtour méditerranéen, y compris la Corse, confirme le démarrage du mistral au milieu de la nuit dernière... encore deux jours au quai de Carro et on pourra poursuivre notre retour à la maison. Pas de connexion internet possible, je vais avoir tout mon temps pour mettre à jour le carnet de bord !

La grande traversée des îles d'Hyères

Ces deux derniers jours tranquilles à Port-Cros ont marqué le début de la fin des vacances... il allait falloir sérieusement penser au retour à la réalité ! La météo nous promettait un petit vent de sud... ce fut vrai : à peine quitté le quai, on a pu mettre à la voile pour une dizaine de milles au travers.

Grosse activité sur le canal 16 à la VHF : on a compris que le Charles-de-Gaulle arrivait à Toulon... Message tous les 1/4h enjoignant les navigateurs à « ne pas s'approcher à moins de 500 m du porte-avions »... Le cap'tain se demande s'ils nous tireraient dessus ?

Les grands rochers des Mèdes m'étonnent encore par leurs formes tourmentées si photogéniques. Les conditions étaient propices à aller mouiller sous la pointe Lequin, au sud de la forteresse en étoile de l'Alicastre, haut lieu de la légende porquerollaise. C'est une criqueGabian de la pointe Lequin assez large, bordée d'une plage au bout d'un grand chemin que j'ai emprunté moultes fois à la chasse aux « safranés », succulents champignons de l'espèce lactaires délicieux, lors des hivers passés sur l'île, j'avais toujours eu envie de venir y passer une nuit.

On a jeté l'ancre dans 4 m sur fond de sable, après avoir tourné un moment pour sonder autour, au cas où le vent tourne au Nord-Est dans la nuit... qu'on se retrouve pas le cul sur la plage ! Comme souvent dans un mouillage solitaire, un puis deux voiliers se sont approchés puis sont repartis vers d'autres refuges, le Moustic a pu garder ce bel endroit pour lui tout seul. La lune encore pleine ajoutait à l'impression de bout du monde, à l'ombre inquiétante des murailles de la forteresse. Même les corbeaux étaient au rendez-vous ! A l'aube, l'étrave était tournée vers le large... le vent encore très faible, on prit le temps de petit-déjeuner et cap sur le port à 2 milles de là. Les Mèdes

La pointe des Mèdes Fort de l'Alicastre

Le fort de l'Alicastre





Port de Porquerolles

Les travaux sont terminés, quais tout neufs, mais il y a encore du matériel de chantier au quai du carburant/accueil : personne en vue, on décide de prendre un poste au ponton flottant le long de la digue. Visite à notre copine du restaurant « Ailleurs », un des rares ouvert à l'année, fidèle au poste : il fait bon vivre à Porquerolles, ceux qui y sont... y restent ! Robert, le pêcheur qui amenait le cap'tain enfant caler ses filets est toujours là aussi, il ne descend plus tous les jours voir son « Hippocampe », mais il surveille tout ce qui se passe sur le quai principal à l'arrivée de la navette de la Tour-Fondue, du haut de sa maison à l'enseigne du « Cadran solaire ». Très heureux de sa visite, il offre au cap'tain une bouteille de rouge local, réservée aux habitants de l'île. L'Hippocampe de l'ami Robert L'Hippocampe de l'ami Robert, le pêcheur

Porquerolles, île rattachée à la commune de Hyères, 300 habitants-résidents, 1 million de visiteurs par an, tout est dans ces deux chiffres ! Nous y avons fait de longs séjours paisibles à l'époque où le tarif hivernal nous le permettait, aujourd'hui, c'est 18 €/jour hors saison pour le Moustic, il n'y a même pas d'eau chaude aux douches, un comble ! Mais le shipchandler offre cette année une connexion WIFI de qualité moyennant 5 € les 24 heures, fractionnables et valables 3 mois.

Deuxième visite induite par le pavillon Héo : l'ami « Pierre 2 » qui était tout seul au mouillage de la plage d'Argent avec ses enfants en vacances. Nous faisons connaissance autour d'un café et il nous quitte pour aller chercher sa femme à la Tour-Fondue, tandis que nous mettons les voiles pour poursuivre vers l'ouest. Petit vent favorable encore, nous voyons passer « la Belle Amélie » en route pour son port d'attache Port Pin-Rolland. Quelques bateaux au mouillage du Langoustier et derrière le Grand Ribaud. La grande tourelle de la Jeaune-Garde est fraîchement repeinte. Houle courte et creuse de SW en passant l'Escampobariou, je ne connais pas cet endroit par mer calme ! Un mega-yacht à moteur battant pavillon british (encore !) nous rattrape et nous double bien près... l'enf... il nous fait valser dans son sillage comme un bouchon ! L'ami Pierre2

Visite de l'ami Pierre2 du forum Héo

Saint-Mandrier

Le quai d'accueil au ¾ vide est praticable cette fois-ci : 11 € / nuit plus 2 €/douche mais pas de WIFI. La météo nous est très favorable pour les 3 jours à venir, va pas falloir trop traîner si on veut pas se faire coincer de ce côté-ci du cap Sicié.

Evénement tritonesque : Christophe et son Triton basé à Toulon vient se mettre à couple pour passer la soirée ... et nous faire cadeau de deux voiles d'avant dont il n'a plus l'usage. Merci l'ami ! Son projet de départ à deux avec son amie Clarisse prend corps, il observe tous les recoins du Moustic et pose plein de questions. Ça fait plaisir un jeune passionné prêt à partir sur un bateau ancien avec de petits moyens... et un coeur gros comme ça ! En partant, il nous fait cadeau également d'une clef USB de musique variée, avec la consigne de lui faire un retour avec avis circonstanciés...

Amours de tritons

Deux tritons s'aimaient d'amour tendre... merci Christophe !

Calanque de Port-Miou

Sur la carte, compte tenu de la prévision météo pour la nuit : ENE 2 à 3, nous avions choisi de passer la nuit au mouillage dans la calanque de Port-Pin. En arrivant, après une belle journée de voile tranquille, une houle assez haute de SW conjuguée aux bouées jaunes interdisant de s'avancer dans les petits fonds, nous a fait changer d'avis... ce sera Port-Miou, de l'autre côté de l'éperon rocheux, calanque plus profonde et mieux abritée, mais aménagée... et payante : 12,50 € la nuit, sans électricité ni sanitaires... je ne manque pas de m'en plaindre au préposé qui n'y est pour rien, bien sûr. Il veut bien mettre son ordinateur à ma disposition pour un petit message urgent.

Clin d'oeil au passé : le ketch acier « Marie-Jeanne II » rencontré la dernière fois à Cayo Sarqui, archipel de los Roques, Vénézuela, est là, mais ce couple de méridionaux sympathiques n'est pas à bord. Dommage ! On se dit que cette côte des calanques de Cassis mériterait un plus long séjour, ce sera pour une autre occasion. Nous n'avons pas encore exploré toutes les richesses de nos côtes.

Lorsque nous étions de l'autre côté de l'atlantique, il nous est arrivé de rencontrer des « yachties » états-uniens ou canadiens, qui rêvaient de Côte d'Azur et de Canal du Midi... cela étonne toujours les franco-français, mais n'oublions pas que notre pays est le premier en terme du nombre de touristes visiteurs !

Près du cap Canaille

En passant le cap Canaille, entre La Ciotat et Cassis

Calanques de Cassis

A l'approche des calanques de Cassis

Port-Miou

La longue calanque bien abritée de Port-Miou, sommairement aménagée mais payante

Le ciel est bas, l'eau grise, calme plat, à vous de jouer « Juanito » et « Banana » (les habitués comprendront). L'alternateur charge trop les batteries déjà pleines... c'est le moment de tester la clef USB de Christophe pour dépenser de l'énergie : on écoute à donf les rythmes afro beat, reggae, James Brown, Cat Stevens... qui me ramènent aux folles nuits de Carriacou chez « Poivre & Sel » avec le groupe local « Barracuda »... Merci Christophe !!! Oiseaux en pêche-île Maire

Oiseaux en pêche vers l'île Maire, près du cap Croisette

Un petit friselis sur la mer fait espérer que le vent se lève, on coupe le moteur... c'est du SW force 1... on avance à 1 nd, encore 5 milles ! Demi-heure plus tard, on renonce, pas question de louper le début du « crunch » Angleterre-France de rugby !

Phare du cap Couronne

Phare du cap Couronne

A Carro, en attendant que le mistral s'apaise

Alors que c'était pétole la veille, le mistral se lève d'un coup en milieu de nuit. On s'y attendait, tout est rangé sur le pont, je jette un coup d'oeil par la descente, rien à craindre. Ça monte encore dans la journée, nous prenons une deuxième pendille et doublons les amarres à quai avec des ressorts. Le vent tourne un peu Nord et le Moustic prend de bons coups de gite.

Journée de repos forcé à cuisiner et écrire sur l'ordinateur. C'est dimanche, je n'ai pas trouvé de connexion internet. Petite balade jusqu'au parking des camping-cars tout proches : il y en a une bonne centaine, garés à deux mètres les uns des autres, sans sanitaires, juste un point d'eau et d'évacuation des « eaux noires »... je peine à comprendre l'attrait de cette forme de nomadisme encadré concentrationnaire ? Il est vrai que c'est un peu pareil en été dans les ports de plaisance, mais on a le choix de partir naviguer et aller dans un mouillage forain !

Le mistral se calme pendant la nuit, mais la météo de ce matin est encore défavorable pour nous : du NW 5 à 6, pile dans le cap pour passer la Camargue... on va attendre !