C'est un de ces endroits où on se sent privilégié, quand on a la chance de pouvoir y mouiller seul : beau, sauvage et bien abrité de l'ouest, comme nous l'annonce la météo pour cette nuit. Seule habitation en vue, qui surplombe l'anse de toute sa hauteur, une grosse tour restaurée, avec un mur d'enceinte qui protège une grande maison, le tout constituant la résidence de Yann Arthus Bertrand, d'après la rumeur publique. Il y a pire comme voisinage !

Le soir précédent également, au quai d'accueil du petit port des Issambres, nous avons eu une voisine célèbre : Florence Arthaud ! FlorenceEntrée quelques minutes avant nous dans le port, c'est une habituée du lieu, elle y venait enfant en famille. Elle était en solo sur son « Résidence 35 », coque rose pastel mat avec une bande fuchsia... et les bottes assorties ! Nous avons rapidement sympathisé, elle n'a pas la grosse tête. Elle a accepté de venir partager notre gratin de macaroni et on a passé une excellente soirée.

Retour au mouillage de Port Man : la nuit est tombée, par chance la radio marche mal, on l'éteint... je peux écouter les bruits de la nature assise à l'abri de la capote tandis que le cap'tain s'affaire aux fourneaux. C'était hier pleine lune, je l'ai vue se coucher à 7 h ce matin, mais la couverture nuageuse ce soir empêche de la voir. Dommage ! Derrière nous, je compte les éclats du feu du cap Camarat : 4 toutes les 13 secondes... c'est pas catholique, décrète le cap'tain. On vérifie à l'aide du minuteur de cuisine : c'est 15 secondes.

Après le repas, le ciel s'éclaircit, on arrive à attraper France-Inter : le « Pont des artistes » d'Isabelle Dordin avec le Choeur créole de Cuba et l' éternel Bernard Lavilliers. Belle soirée sous les étoiles au clair de lune, au chaud dans la descente avec le poèle qui irradie.

Nuit paisible, je suis réveillée vers 3 h par le vent qui agite le pavillon Héo et fait vibrer un hauban. Un coup d'oeil par le hublot : le vent est toujours à l'W, pas de problème. On a mouillé dans 10 m d'eau, interdit de s'approcher davantage à cet endroit par le règlement du parc national, mais avec 40 m de chaîne, ça devrait tenir. Je vois un bateau très éclairé, sans doute un pêchou qui pose son filet, on a bien fait de mettre le feu de mouillage : une petite lampe à leds et à piles, accrochée sous la bôme, elle éclaire tout le pont vers l'avant et le roof et elle tient plusieurs nuits avec les mêmes piles, excellente acquisition. A Antibes, le cap'tain a également changé toutes les ampoules du bord pour des leds, ça éclaire mieux et pour une consommation quatre fois moindre.

Au réveil, spectacle rare d'un grand échassier qui guette ses proies perché sur un rocher à un mètre d'altitude : il reste immobile plusieurs minutes puis s'élance, cueille un poisson à la volée et retourne sur son perchoir pour avaler, il rentre le cou puis se redresse en s'étirant, au suivant ? Le pêcheur vient remonter son filet, le plan d'eau est calme, il démaille au fur et à mesure. Péchou de Port-Man

La météo parle d'un nouveau BMS n° 54, et voilà, passé le cap Camarat, le temps n'est plus aussi tranquille. Mais c'est pas encore pour nous. On lève l'ancre pour une courte étape jusqu'au port de Port-Cros à l'autre bout de l'île. Hors saison, c'est gratuit, mais sans électricité ni eau (en été non plus, mais c'est payant et ultra fréquenté !).

La mitre

Le rocher de la Mitre