D'Antibes à Menton

Mardi 1er février, plein de gasoil au quai du carburant : 1,45 €/l ! Ouaouh, heureusement qu'il ne nous en faut que 30 litres.

Il fait beau et doux, la météo nous annonce du N force 2 à 3, tournant SW force 3 à 4. Espérons ! Il n'y a que nous en cette fin de matinée dans la baie des Anges... et les avions qui plongent vers la piste de Nice, ou qui semblent sortir de l'eau d'un coup pour s'élever tout droit vers le ciel. Un toutes les 10 minutes, Nice est le deuxième aéroport en terme de fréquentation nationale.

A l'approche du cap Ferrat, un gros « Corsica Ferries »jaune sort du port de Nice. Le vent faiblit, il faut larguer le ris pris une heure avant ! Ah, on chôme pas à la voile en hiver en méditerranée ! J'apprécie car je vais pouvoir tranquillement admirer et photographier les magnifiques maisons qui surplombent la mer au bout de ce cap mythique de la Riviera française.

Beaulieu défile à babord, on s'y arrêtera au retour, c'était le port d'attache des Ophélie d'Y. Jonville, mort prématurément, ce que j'ai pu rêver à la lecture de « Trois océans pour nous trois »!

Et voici Monaco, impossible de se tromper, c'est le bord de mer le plus horrible de toute la méditerranée : des immeubles immenses, rien que des immeubles qui s'étagent sur ½ mille de large sur 2 milles de long. Seul le bâtiment du musée océanographique vaut le coup d'oeil.

Encore quelques milles avec l'aide du moteur, le vent a fini par s'évanouir et nous entrons à Menton, côté vieux port à gauche. C'est beaucoup plus encombré qu'il n'y paraît sur le plan. On nous fait signe de nous arrêter au quai devant la Capitainerie, les pêcheurs devront rentrer leurs gaules... Accueil désagréable, à la limite de la suspicion de la part du préposé peu aimable. Il nous faut immédiatement débarquer avec les papiers du bateau. Le cap'tain obtempère et passe une bonne demi-heure à attendre la fin des vérifications du malpoli derrière son comptoir. Ayant constaté que nous ne sommes fichés nulle part, sans doute, il se radoucit un peu et nous donne tous les renseignements utiles. C'est 10 €/jour, tout compris avec sanitaires et douches, ainsi qu'une connexion Wifi gratuite avec code d'accès verouillé en fonction de la durée du séjour. On nous attribue un poste d'escale avec pendille, eau et électricité, sur un quai en dur, près de la vieille ville. Nuit tranquille malgré un léger ressac, qui doit s'amplifier parfois, si l'on en croit la grande distance du quai de tous les bateaux en hivernage.

Le lendemain, au cours de ma promenade matinale sur la haute digue du large, j'aperçois plusieurs dauphins au loin, il y a bien longtemps que je n'en avais vus !

Parenthèse habituelle à la découverte d'un lieu de culture : je vais visiter le petit musée Cocteau, installé dans le fortin à l'enracinement de la jetée. C'est plus précisément un bastion construit au XVIIe siècle par un prince de Monaco pour résister aux Espagnols. Peu avant sa mort, Cocteau qui avait été chargé de la décoration de la salle des mariages de la mairie de Menton, a découvert ce lieu alors délabré et en a dirigé la restauration. Fresques remarquables faites de galets du rivage voisin, de différents tons de gris et noir, en particulier celle qui forme le parterre de la salle du rez-de-chaussée : un grand lézard, symbole et hommage à la paresse méditerranéenne.

« Ecrire est un acte d'amour. S'il ne l'est pas, ce n'est que de l'écriture » Jean Cocteau.